C’est le jour des funérailles de votre collègue du bureau qui est mort d’un arrêt cardiaque. La messe est terminée, et les amis et la famille font maintenant la queue pour parler à sa femme. Il a laissé trois enfants en bas age. Sa femme a les yeux rouges, mais s’efforce de se tenir debout à la sortie de l’église. C’est votre tour, et vous ne savez pas trop quoi lui dire.
Pas facile, hein?
C’est une question qu’on me pose souvent. Cette difficulté à trouver les bons mots et à éviter de dire une bêtise, vient du fait que la mort est un gouffre, une faille tellement géante que les mots nous manquent, et on a plutôt tendance à dire des choses qui peuvent blesser, plutôt que consoler. Un regard est parfois préférable.
Comment consoler un mari par exemple qui vient de perdre sa femme, sa compagne de 20, 30, 40 ans. La tâche est impossible. Mais, mais, le pire est de ne rien dire…et laisser la personne dans sa douleur.
En fait, le problème est que notre rôle n’est pas de CONSOLER quelqu’un, mais de simplement lui faire savoir que nous reconnaissons sa douleur, que nous sommes présents et à l’écoute.
Des personnes que j’ai eues en consultation me disent qu’il y a certaines choses, des actes, des paroles, qu’elles ont vraiment apprécié. La première chose est simplement que leurs amis soient venus, que ce soit à la maison, à la veillée ou au cimetière. Le deuil est isolant, et vous plonge dans une grande solitude, et donc le simple fait d’être présent, même sans rien dire, c’est un très bon début.
Quand nous nous plaçons en mode “consolement”, nous essayons de soulager la douleur, de trouver une solution, alors qu’il n’y en a pas. Si un enfant tombe de son vélo et s’écorche son genou, on essaye de le soulager, en lui disant que ça va aller mieux.
Là, c’est tout autre chose.
Quand on perd un être cher, il n’y a rien que vous puissiez dire qui puisse le faire sentir mieux et alléger sa souffrance. Rien. Ce que les gens attendent de vous, c’est de savoir que vous êtes présents avec eux.
Je raconte souvent cette anecdote de cette femme qui venait de perdre un bébé d’une mort subite. Elle m’a demandé si elle pouvait passer. On a passé une heure ensemble, et pendant tout ce temps, elle ne m’a rien dit. Aucun échange de mots, je lui tenais la main. À la fin, elle m’a dit simplement “merci” pour ce doux partage.
Donc, ne pensez pas que vous devez consoler, mais au contraire SOUTENIR.
Alors, concrètement, qu’est-ce que vous pouvez dire: Je vous donne quelques phrases qui peuvent paraissent bateaux, mais qui marchent, surtout si vous n’avez aucune idée de ce qu’il faut dire:
– Partager une histoire, ou une qualité de la personne disparue :.” Ça peut déclencher à la fois un rire et des larmes. “ Je me souviens de la camomille que nous préparait ta mère, sa tisane était tellement amère qu’elle finissait dans le ficus de la salle à manger. Et elle disait : “ ah la bonne heure, avec ça vous allez bien dormir ! “
C’est un mythe bien ancré malheureusement dans notre société qu’une personne qui traverse un deuil ne veut pas parler de son cher disparu, même longtemps après. Vous la croisez dans la rue en vous disant, “je ne vais rien dire qui pourrait la contrarier.”
Au contraire, les survivants VEULENT parler de cet être cher qui pour eux est toujours et sera toujours dans leur esprit et leur cœur. C’est peut-être pas le cas pour tout le monde, mais d’après mon expérience, une anecdote, une vidéo seront appréciés.
“Veux-tu que l’on regarde cette balade en canoë où ma chienne est tombée dans l’eau, heureusement c’était une terre- neuve”? Veux tu que l’on regarde un album de photos ?
Ici, j’insiste sur le fait que ce sont des choses que vous pouvez dire juste après le décès. Ce sont des phrases, sont des mots ou des gestes que vous pouvez utiliser tout au long du deuil, même un an après, cinq ans, car si vous avez perdu quelqu’un, vous savez que la douleur reste, même s’il elle s’estompe peu à peu pour laisser place à la nostalgie, la tristesse qui durera longtemps.
Ensuite, je vous donne quelques phrases que vous pouvez dire, mais pas juste après le décès. Si vous-même avez fait l’expérience d’un deuil, après une certaine période – a vous de juger – vous pouvez dire quelque chose dans le genre, “il y a aura des jours meilleurs”, “tu verras que peu a peu ca ira mieux”. Encore, j’insiste sur le fait que ce sont des paroles qui ne sont pas recommandables juste après la perte et qui peuvent blesser. Et si vous un doute, par excès de prudence, gardez le pour vous .
Qu’est-ce qu’il ne faut pas dire ? La liste est TRÈS longue. et à la fin de cette vidéo, je vous donnerai le palmarès des âneries que les gens peuvent demandèrent pour essayer de consoler quelqu’un.
Souvent, partager des choses qui sont vraies, qui reflète la realité sont en fait des choses à éviter ABSOLUMENT, par exemple :
“Il a eu une belle vie. Au moins il est arrivé à 90 ans”. En fait, toute phrase qui commence par “au moins” est à éviter. “Au moins, il ne souffre plus”. “Au moins, tu es encore jeune, et tu peux trouver quelqu’un d’autre”. “Au moins, tu as d’autres enfants”.
Donc, si dans votre tête, les mots qui se forment commencent par “au moins”. Stop. Serrez les lèvres, et laissez passer.
Bien sûr, si le commentaire vient de la personne endeuillée, qui dit par exemple, “au moins mamy a pu assister au mariage de Françoise.” Là, vous pouvez faire écho, sans trop en rajouter.
À moins de connaître bien la personne en deuil, éviter les commentaires d’ordre religieux. Ici, je pense à certains commentaires du genre :
“Il a rejoint sa femme.” ou, “Il est avec Dieu maintenant”.
Il ne faut absolument pas comparer leur douleur avec la vôtre. “Je sais que ce n’est pas facile de perdre sa mère, mais moi, imagines, je suis passé par pire avec la mort de ma fille…” C’est un automatisme : on ne sait pas quoi dire, et notre cerveau cherche un repère : ah, oui, je vais lui parler de mon oncle qui est mort l’année dernière et lui aussi est mort d’un cancer du foie.
ou bien encore dire, “je sais exactement comment tu te sens”, un commentaire que l’on entend souvent.
Dans le palmarès des choses vraiment horrible a dire,
“Ben oui, qu’est que tu veux. Il a fumé pendant 50 ans des Gauloises sans filtres, donc c’est pas étonnant”. “Ou bien, ca fait quand même plus an qui tu es en déprime, il faut passer a autre chose, non ?”
En règle générale, ne rien dire qui vise à critiquer la personne en deuil, de la rendre responsable, ou qui génère de la honte–et de même pour la personne qui est morte. Évitez de minimiser leur douleur, a de la comparer un la douleur de quelqu’un d’autre.
Donc, il ne faut pas non plus paniquer, si vous respectez ces conseils, ça se passera bien.
Un rappel des bonnes choses à faire ou dire :
As-tu besoin de quelque chose ? Une aide matérielle, je connais quelqu’un qui peut t’aider pour les démarches administratives.
Nommer la personne, oser le faire.
Mes chers amis, n’oubliez pas l’écoute silencieuse, la présence chaleureuse, une main posée sur l’autre.
“ Le silence a cette vertu de laisser parler le regard, miroir de l’àme.
On entend mieux les profondeurs quand on se tait”
Agnès Ledig