Ce sont des compagnons qui font un bout de chemin avec nous, ils vous connaissent intimement, vous ne pouvez pas imaginer votre vie sans eux : je parle de chiens, des chats, des chevaux, des oiseaux, des reptiles, tous les animaux de compagnie qui illuminent notre existence. Nous les aimons comme des membres de la famille à part entière. Ils ont peut-être vu grandir vos enfants – qui sont maintenant des ados, qui ont quitté la maison – ils vous accompagnent dans toutes vos aventures et peuplent vos albums photos. Lorsqu’ils décèdent, leur absence peut créer une douleur aussi profonde que la perte d’un proche.
J’ai désormais 76 ans, et j’ai eu le bonheur de partager ma vie pendant plus de sept décennies avec beaucoup d’animaux, mais aussi de ressentir le chagrin intense de leur mort : des chiens, des chats, des chevaux.
Récemment, j’ai perdu Diva, ma braque de Weimar de quinze ans, que j’ai dû faire euthanasier pour mettre fin à ses douleurs. Si j’avais pu, j’aurais vidé une bouteille de whisky ce jour-là en rentrant du veto. Je la vois encore me fixer des yeux, assise en boule dans son fauteuil en face de moi qui garde encore son odeur.
Cela peut paraître choquant, mais c’est pourtant vrai : pour certaines personnes, la mort de leur chien ou de leur chat est en fait plus marquante que le décès d’un proche humain. Cela dépendra bien sûr du parcours de vie de chacun. Plus la relation qui s’est tissée entre vous et l’animal est forte, plus le vide sera grand.
Je pense aussi que le contact physique et quotidien que nous avons avec cet animal fait que notre corps lui aussi fait le deuil de cette absence. Pour des personnes qui vivent seuls, ce contact avec ce compagnon qui nous offre un amour inconditionnel, est peut-être le seul contact physique avec un autre être dans leurs vies de tous les jours.
Au retour du travail, le petit teckel se tortillait de joie en nous faisant la fête, ou le chat venait se frotter contre notre jambe en ronronnant, ou sur notre ventre quand on regardait la télé…quand ils nous quittent, cette absence est tranchante et dans les premiers temps, la peine est inconsolable.
Ce parallèle que l’on peut faire avec la mort d’un humain est souvent mal vu, mal compris par ceux qui ne comprennent pas ce qu’implique la mort d’un animal de compagnie. C’est encore tabou de parler de deuil avec un animal dans notre société. Et c’est pour ca que vous pourrez être confronté à une incompréhension de la part de la famille, des voisins, des collègues de travail, et même chez certains psychologues qui penseront, ou pire diront que nous exagérons, que ce sont simplement des animaux. Ces mêmes psychologues essaieront peut-être “d’expliquer” notre chagrin par rapport à un deuil précédent que nous n’avons pas terminé…
C’est peut être vrai dans certain cas, le deuil d’un animal de compagnie est TOUT À FAIT normal. Vous êtes triste parce que votre compagnon fidèle n’est plus là. La cicatrice est profonde.
Comme le deuil d’un humain, le travail du deuil pour un animal est aussi nécessaire, d’autant plus qu’il doit se faire souvent dans le secret, à l’abri du jugement de la société.
Et de la même façon que nous passons par différentes phases dans le processus de deuil, vous connaissez peut-être : le déni, colère, le marchandage, etcétéra ; C’est la même chose quand on perd un animal.
Sachez pourtant que ce processus n’est pas toujours linéaire et qu’il ne faut donc pas trop schématiser. Certaines personnes peuvent avoir l’impression d’avoir surmonté cette perte, et pouf ! Deux mois plus tard, vous retombez en dépression. Par exemple, j’ai vu chez certains clients un déni s’établir à l’annonce d’une maladie grave et terminale de leur chien et quand finalement l’animal meurt, cette étape du déni a déjà été traversée, voire surmontée. Alors, on passe peut-être à la colère.
Dans le processus de deuil, l’important, c’est d’exprimer vos émotions. Certaines personnes que j’ai accompagnées se sentent coupables : Le sentiment de culpabilité, on le retrouve dans tous les deuils, humains et animaux, mais il est particulièrement amplifié dans les deuils animaliers :
“j’aurai du voir qu’il était malade”
“J’aurai du le nourrir autrement”
“on aurait du se sacrifier un peu plus pour payer son opération du coeur
“j’aurai dû être là quand on l’a euthanasier”.
Ce ressenti, il est normal, acceptez le. Normal aussi de l’entendre aboyer , de le voir courir faire des trous dans le jardin. D’avoir le coeur serré lorsque vous voyez sa gamelle, sa laisse, son doudou.
Certains dans votre entourage essaieront de dédramatiser votre peine: “c’est n’est qu’un chien. Reprends-en un autre”. Faites leur comprendre que votre douleur est réelle et que ce compagnon n’est pas interchangeable. Si vous décidez de reprendre un autre animal, il est bon d’examiner votre motivation et de ne pas demander à votre nouveau compagnon d’être à l’image de celui que vous avez perdu.
Même s’il est difficile de parler de votre chagrin autour de vous, il faut le faire. Refouler ses émotions ne ferait qu’alimenter votre désespoir. Quand j’ai perdu mon braque de Weimar il y a quelques mois, j’ai trouvé une écoute bienveillante et chaleureuse dans un groupe Facebook de propriétaires de braque de Weimar. Ils comprenaient exactement la peine que je traversais. Si vraiment, vous n’avez pas de réseau et vous avez des souffrances énormes, vous ne dormez plus, vous ne mangez plus, vous ne sortez plus et vous sombrez dans une dépression profonde il faut faire alors appel à une écoute professionnelle, mais bien sûr choisir quelqu’un qui ait cette ouverture d’esprit pour comprendre votre situation.
Si vous avez perdu votre compagnon chéri, sachez que c’est une douleur qui peut prendre du temps à cicatriser et à apprivoiser.